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Le snowfarming : comment les stations de ski garantissent la neige malgré le réchauffement climatique

Le snowfarming : comment les stations de ski garantissent la neige malgré le réchauffement climatique
Temps de lecture : 4 minutes

Le snowfarming est une méthode relativement récente employée par certaines stations de ski pour conserver la neige d’une saison à l’autre. En entreposant la neige durant les mois les plus chauds, souvent sous une couverture isolante de sciure ou de copeaux, les stations peuvent démarrer leur saison hivernale plus tôt. Cette solution, bien que pouvant présenter un intérêt sur le plan financier, suscite aussi plusieurs questionnements, notamment en ce qui concerne la consommation de ressources et la préservation de l’environnement. Ce texte explore le fonctionnement du snowfarming, ses divers impacts, ainsi que l’expérience de quelques stations ayant appliqué cette approche avec des résultats intéressants.

Principe et techniques du snowfarming

Le snowfarming repose sur une opération assez simple : regrouper et conserver la neige naturelle ou issue de canons à neige en fin de saison hivernale. Elle est stockée en grands volumes et recouverte d’un matériel isolant tel que la sciure de bois. Ce procédé vise à ralentir significativement sa fonte pendant la période estivale afin de pouvoir la réutiliser l’automne suivant pour préparer des pistes de ski.

Divers progrès techniques ont permis d’améliorer cette méthode. Certains sites utilisent, par exemple, des isolants plus performants comme le Finnfoam, connus pour mieux retenir le froid et stabiliser les masses de neige. Les stations situées dans des zones d’altitude moyenne, comme Davos en Suisse ou Bessans en France, mettent en œuvre ces techniques pour maintenir une certaine qualité de neige compatible avec la pratique du ski nordique ou du biathlon.

La conservation de la neige n’est toutefois pas une garantie absolue. Les conditions locales, telles que l’ensoleillement ou l’humidité ambiante, peuvent influencer fortement le rendement du stockage. D’autres paramètres comme le type de neige et sa densité initiale jouent également un rôle.

Conséquences économiques du snowfarming

Cette méthode peut représenter un moyen intéressant pour certaines stations d’assurer un début de saison plus tôt que la normale. Cela peut encourager la venue d’athlètes professionnels mais aussi de touristes recherchant des activités hivernales dès l’automne, notamment pour l’entraînement ou la découverte. À Bessans, environ 16 500 m³ de neige sont préservés chaque année, ce qui permet généralement d’ouvrir dès le mois de novembre. Cette avance potentielle engendre des retombées financières relatives aux nuitées, aux forfaits et aux prestations annexes.

La station des Saisies, qui stocke près de 12 000 m³ de neige, a connu une dynamique similaire en s’adaptant aux besoins de différents profils de skieurs. Bien que ces chiffres puissent paraître considérables, le coût d’un tel dispositif reste limité par rapport aux bénéfices espérés. En moyenne, une opération de snowfarming peut représenter une dépense comprise entre 20 000 et 25 000 euros par saison.

A vrai dire, la rentabilité de cette approche dépend beaucoup du climat local, de la capacité de la station à gérer efficacement ses ressources et du taux de fréquentation. De manière générale, seules les stations ayant un public ciblé ou une capacité logistique structurée peuvent envisager de mettre en place une telle organisation sur le long terme.

StationVolume de neige stockéeCoût moyenBénéfices observés
Bessans16 500 m³20 000 – 25 000 €Meilleur taux de fréquentation en début de saison
Les Saisies12 000 m³Non préciséPréparation anticipée des pistes

Conséquences environnementales et limites éventuelles

Ce procédé ne va pas sans générer de préoccupations sur le plan écologique. La fabrication de la neige artificielle, élément souvent préservé durant l’été, nécessite d’importants volumes d’eau et d’énergie électrique. Statistiquement, on estime qu’il faut environ un million de litres d’eau pour enneiger un hectare de piste. Cette sollicitation considérable peut contribuer à une pression sur les nappes phréatiques ou les sources disponibles, surtout dans les régions déjà sujettes aux sécheresses estivales.

Par ailleurs, l’usage d’engins mécaniques pour déplacer et entasser la neige peut entraîner un tassement des sols, altérer la végétation, et modifier la faune locale. Cela concerne notamment les alpages et écosystèmes fragiles en haute altitude. Quelques pistes d’amélioration sont régulièrement évoquées : recourir à des matériaux isolants naturels renouvelables, privilégier l’électricité issue de sources peu polluantes, ou plus globalement repenser l’enneigement dans son ensemble sur chaque territoire concerné.

Un suivi environnemental constant semble donc nécessaire pour équilibrer les effets positifs et les désavantages associés à cette activité. Cela implique une coopération entre acteurs locaux, gestionnaires de stations, collectivités et parfois même les pratiquants eux-mêmes pour encourager des décisions réfléchies et contextuelles.

Retour d’expérience des stations utilisant le snowfarming

À Bessans, la mise en place du snowfarming a permis un lancement des activités de ski dès le 1er novembre 2024. Cette avance a contribué à l’accueil d’entraîneurs et sportifs issus de plusieurs nations ayant choisi d’y effectuer des stages intensifs. Le maire, Jérémy M, considère cette pratique comme une opportunité de développement dans un contexte climatique instable. Cela n’en fait toutefois pas une solution universelle.

Du côté des Saisies, Michael K., impliqué dans la gestion de la station, souligne que ce mode de conservation aide à proposer des parcours adaptés plus tôt que prévu. Cela permet de maintenir une fréquentation régulière, voire de capter de nouveaux visiteurs. Ces témoignages montrent que si certaines conditions sont réunies, cette stratégie peut convenir à des territoires ciblés.

Les résultats concrets varient selon la topographie, la rigueur de l’hiver précédent, la technologie utilisée, mais également selon la volonté des équipes sur place à adapter les pratiques à leurs contraintes locales.

Le snowfarming est-il viable sur le long terme ?

Ce procédé peut s’avérer intéressant, à condition d’adopter des pratiques soucieuses de l’environnement, comme l’utilisation d’isolants végétaux et d’énergies faibles en émissions.

Combien coûte la mise en place du snowfarming ?

Généralement, entre 20 000 et 25 000 € par saison. Ce montant peut varier selon le site et les volumes à traiter.

Existe-t-il des démarches plus respectueuses de l’environnement ?

L’usage de sciure issue de matières recyclées, ou l’adoption de procédés consommant moins d’eau et d’énergie sont des pistes aujourd’hui explorées par plusieurs acteurs.

Le snowfarming illustre la volonté de certaines stations de montagne de s’adapter aux effets des changements climatiques. En réduisant leur dépendance aux précipitations naturelles grâce à la conservation de neige, elles modifient leur calendrier et leur fonctionnement global. Cependant, cette stratégie comporte plusieurs limites d’ordre écologique et organisationnel. Elle ne remplace pas une réflexion d’ensemble sur la gestion des zones enneigées en période de transition climatique. À l’avenir, elle pourrait s’inscrire dans un cadre plus large de réajustement du tourisme hivernal.

Sources de l’article

  • https://www.culture.fr/franceterme/terme/ENVI238
  • https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/bo/2024/Hebdo23/CTNR2412078K